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L'évolution d'un homme différent

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qwertyu
57 Amour
Abus Citer Posté le jeudi 6 décembre 2007 à 01:07
L’évolution d’un homme différent

Paul est venu au monde en 1947 dans la belle ville de Québec, au sein d’une grande famille ouvrière qui comptait déjà deux garçons et une fille. Les fins de mois étaient difficiles et le père était strict et sévère, mais cela n’empêcha pas Paul de vivre une jeune enfance qu’il pourrait lui-même qualifiée d’heureuse.

Vers l’âge de 9 ans, il commença l’exploration de sa sexualité. Avec son grand frère de 12 ans, une voisine de 11 ans et deux autres garçons de 9 et 10 ans. Ils se croyaient bien cachés dans la cabane de cartons qu’ils avaient construite sous le balcon du premier étage du bloc à appartement, mais une des voisines alla prévenir la mère qu’il « se passait quelque chose de pas normal ». Paul et son frère reçurent une volée de la mère et une autre, à coup de ceinture, quand le père arriva de travailler le soir.

Entre 9 et 11 ans, la vie de Paul était tout ce qu’il y avait de plus banale. Il jouait au hockey dans la ruelle avec ses amis et il s’intéressait fort peu au sexe ou aux filles, comme il était normal pour les garçons de son âge à l’époque.

Il redécouvrit la masturbation vers l’âge de 12 ans. Une fois par semaine, le jour de son bain, il fantasmait et se caressait pour se donner du plaisir. Il le faisait parfois aussi le soir avant de s’endormir, mais ce n’était pas évident avec un frère qui dormait dans le même lit que lui. Un ami de 13 ans, un des garçon présent lors de l’exploration, lui fît découvrir le jeu du « je te montre la mienne si tu me montre la tienne » ainsi que quelques autres.

Un matin, Paul se réveilla brutalement sous l’effet d’un coup de point et des hurlements de son frère qui lui criait qu’il était juste une maudite tapette. Pourtant, c’était seulement une érection matinale tout à fait normale ! Mais le mal était fait. Paul commença à subir les regards méfiants de son père et de ses frères. Il acquit rapidement une réputation de tapette.

Les garçons « normaux » cessèrent de vouloir être vu avec lui. Même les parents du voisinage interdisaient à leurs enfants de jouer avec lui. Les enfants l’insultaient dans la ruelle et à l’école, parfois juste pour le plaisir de s’amuser à faire mal à un autre enfant vulnérable mais parfois aussi par haine véritable. Le pire était son ami avec qui il avait joué à des jeux interdits ; par peur de subir une réputation de tapette, il était le premier à crier haut et fort que les mangeux de balustre méritent juste de manger une volée et il s’appliqua à prouver son hétérosexualité en battant Paul périodiquement.

On ne sait pas grand-chose de l’adolescence de Paul si ce n’est qu’il pensa plusieurs fois au suicide. Il n’a jamais voulu en dire plus. À 17 ans, il quitta sa famille de Québec pour trouver un emploi à Montréal. Paul était convaincu d’être homosexuel mais il décida de se chercher une femme et de fonder une famille. En 1964, c’était encore très courrant de se cacher dans un placard quand on avait la chance de fuir une réputation et de pouvoir repartir à zéro. Il n’eut plus jamais de contact avec sa famille. Il découvrit qu’il avait de la facilité à se faire des amis, que ce soit chez les hommes ou les femmes. Il rencontra dans un bar une femme nommée Louise qui allait devenir la femme de sa vie.
Paul et Louise se marièrent en 1967 après 3 ans de concubinage, ou de vie de péchés comme disait la belle-mère. Paul travaillait toujours en usine alors que Louise terminait ses études pour devenir institutrice. Paul se considérait à présent comme bisexuel. À sa grande surprise, il n’avait pas eu de difficulté à faire l’amour avec cette femme. Il avait eu peur de ne pas en être capable et que son lourd secret soit découvert, mais il s’était dit que dans le pire des cas il prétendrait être impuissant. Des fantasmes masculins venaient l’excité à l’occasion mais ils devenaient de plus en plus rare. Parfois, il se demandait si son amour et son excitation pour Louise auraient été encore plus forts s’il avait été un pur hétéro, mais ce qu’il avait était suffisant pour une vie parfaitement épanouie.

La seule ombre au tableau était que Louise ne tomba jamais enceinte alors que le couple désirait des enfants. Ils adoptèrent une petite fille en 1982, après 15 ans de mariage. Les dix années suivantes se déroulèrent sans histoire. Sauf que Paul se considérait à présent comme un hétérosexuel qui avait eu quelques expériences de jeunesse. En 1985, Louise fût victime d’un accident de la route qui la plongea dans le coma.

Paul éleva seul sa fille Véronique de 1985 à 1992. Elle avait 11 ans lorsqu’on signa l’acte de décès de sa mère après 7 ans de coma. Paul resta longtemps fidèle à sa femme mais un homme a des besoins. Il décida qu’elle serait la seule femme de sa vie et il commença à fréquenter des boisés isolés où des hommes seuls se promènent durant la journée. Sa vie sexuelle se limitait à des échanges furtifs de masturbations et de fellations entre hommes qui ne se nommaient jamais et qui s’échangeaient à peine quelques mots. Entre 38 et 52 ans, Paul se contenta de cela. Sa fille de 17 ans et ses collègues de travail le considérait toujours comme hétérosexuel. Mais lui-même ne savait plus trop ce qu’il était. Il savait pouvoir échanger du sexe avec un homme mais pouvait-il en aimer un comme il avait aimer sa femme ?

Il commença peu à peu à vivre son homosexualité ouvertement. Il fréquenta des saunas et des bars du village. Il remplaça peu à peu les rencontres furtives par des amants d’un soir qu’il rapportait chez lui. Il accepta que certains reviennent une seconde fois. Il accepta que certains restent pour dormir. Puis il se retrouva avec deux brosses à dents dans sa salle de bain. Paul aimait à nouveau ! Le premier homme de sa vie. Il vécu une ou deux ruptures amoureuses avant de se trouver un compagnon de vie stable.

Véronique, qui travaillait à présent dans la même usine que papa, a été la première personne à découvrir la nouvelle vie de Paul. Elle lui demanda de garder le secret au travail, mais bientôt tout le monde le savait ou s’en doutait car il était de moins en moins discret sur son orientation. Il confiait ses peines à quelques amies et tenta même de faire des avances à des collègues ; un qui en était et un qui n’en était pas. Il ne restait que Véronique pour croire que c’était encore un secret…

Très tôt un dimanche matin, Paul et son chum frappèrent à la porte de Véronique pour l’inviter à venir avec eux rejoindre un groupe d’amis, qui se réunissait dans un restaurant du village, pour fêter la sortie de l’hôpital de quelqu’un. Elle soupira longuement avant de laisser entrer son père et son chum.

Elle me dit alors, « Pierre, tu peux sortir de la chambre. Je te présente Jean qui est le chum de mon père. Toi, si tu racontes cela à l’ouvrage, tu n’es pas mieux que mort».

Paul répliqua immédiatement, «Voyons donc Véro ! Penses-tu vraiment que Pierre ne sait pas déjà que je suis homosexuel ? Inquiète toi pas pour l’ouvrage, tout le monde le sait ou presque. Pierre peut même venir avec nous si ça lui tente !». Véronique précisa le fond de sa pensée, « Ce que je voulais dire, c’est que si tu racontes à l’ouvrage que Pierre a passé la nuit ici : c’est toi qui n’est pas mieux que mort papa ! ».

C’était en l’an 2000, j’avais 33 ans et elle en avait à peine 18. Paul savait déjà que sa fille et moi sortions parfois ensemble, en ami, juste en ami qu’elle disait. C’était seulement la seconde fois qu’elle acceptait que je passe la nuit avec elle et voilà que son père nous surprenait. J’ai vraiment eu peur de ne pas être mieux que mort…

Ce que j’ai retenu de l’histoire, c’est que son père homosexuel n’a pas eu la moindre hésitation à accepter le fait qu’il y ait « quelque chose » entre sa fille et moi. Il a même tenté de la convaincre que la différence d’âge n’avait pas d’importante et il lui donnait Céline Dion et René Angelil comme exemple. Mais c’est nous qui n’étions pas capable de nous accepter, alors on est resté simplement ami.
lunenoire
113 ___________
Abus Citer Posté le jeudi 6 décembre 2007 à 08:50
Ce sont des réactions comme celles décrites plus haut qui ont fait en sorte que des personnes comme Paul qui sont attirées par d'autres personnes du même sexe se sentent coupables, pervers, honteux, déviants. C'est épouvantable. Je me disais que si un de mes fils, ou plusieurs étaient gais, ce serait moins pire qu'autrefois, qu'une grande partie de cette génération intolérante serait outre-passée. Mais je me suis mise à penser à toutes ces méchancetés que les enfants se disent dans les cours d'école. Vous savez tous à quel point ça peut être cruel un enfant. Un ado aussi, et un adulte encore plus. Les choses ont beaucoup évoluer. Les homophobes ne peuvent pas empêcher cette émancipation de la communauté gaie. Mais ils continuent de proliférer des idées méprisantes et haineuses en criant des noms comme des enfants, en faisant des jokes plates et de mauvais goût. "C'est juste des farces, on dit des niaiseries, c'est pas grave, c'est juste des folies..." Peut-être, mais une chose est sûre, ça perpétue l'intolérance et pendant ce temps, les haltes routières sont bondées.

C'est beau la tolérance, mais le respect réel c'est beaucoup mieux. Il faut arrêter de dire ces mots qui semblent anodins mais qui blessent, et que les enfants répètent. Il faut expliquer aux jeunes et aux enfants que l'amour et l'attirance peuvent se vivre avec des personnes du même sexe aussi. Et surtout, qu'ils ont le droit de vivre leur sexualité comme ils l'entendent, que ça ne regarde qu'eux. Il y a des mots racistes qui me donnent froid dans le dos quand je les entend. Pourtant quand j'étais jeunes il était courant de les entendre. Arrêtons de dire que nous tolérons l'homosexualité d'un côté, et de dire des propos méprisants et homophobes de l'autre. Vivre et laisser vivre c'est bien, mais dans le respect c'est mieux.
lunenoire
113 ___________
Abus Citer Posté le jeudi 6 décembre 2007 à 09:16
qwertyu, tu as écris dans le topic "Epargnez le suicide à nos enfants":
"Moi, tant que c'est pas illégale...le monde peuvent bien avoir l'orientation sexuelle de leurs choix."

Est-ce à dire que si tu voyageais dans un pays où l'homosexualité n'est pas légale, tu serais contre?
qwertyu
57 Amour
Abus Citer Posté le jeudi 6 décembre 2007 à 18:17
(Moi, tant que c'est pas illégale...le monde peuvent bien avoir l'orientation sexuelle de leurs choix)

(« Est-ce à dire que si tu voyageais dans un pays où l'homosexualité n'est pas légale, tu serais contre? »)

Non ! Je garderais mon opinion mais peut-être que je ne l’exprimerais pas autant :-)

Je relis ma phrase et c’est vrai qu’elle laisse place à deux interprétations possible. Je suis content que tu me poses la question au lieu de sauter aux pires conclusions :-)

Mais si tu veux que je sois plus précis :

Article 1
Qwertyu n’a pas de préjugés contres aucune orientation et/ou acte sexuel qui ne sont pas reconnus criminellement ou civilement illégale au Canada ou au Québec, selon les codes pénales et civils en vigueurs en date du 6 décembre 2007 et en accord avec la Charte des droits et libertés.

Article 2
En cas de divergence entre les lois Canadiennes et Québécoise, Qwertyu accorde sa préséance à celles qui sont le plus permissives. Incluant, mais ne s’y limitant pas, le mariage guai.

Article 3
Qwertyu n’a pas de préjugés contre les gens qui pratiquent « certains » actes qui peuvent être considérés illégaux et/ou entraîner une amende. Par exemples, mais ne s’y limitant pas, les actes de grossières indécences des gens qui baisent dans une auto, une piscine ou une plage ainsi que la sollicitation à des fins de prostitution. Sous certaines réserves.

Article 4
Qwertyu n’a pas de tolérance pour les actes impliquant de la violence et/ou un préjudice physique et/ou moral à un adulte non consentant, ou à un mineur consentant ou non, ou à toutes créatures vivantes et/ou mortes, incapable de donner un consentement juste et éclairé incluant, mais ne s’y limitant pas, les chiens et les personnes dans un coma végétatif.

Article 5
Qwertyu conserve ses opinions peu importe l’endroit qu’il visite dans le monde, mais se réserve le droit de choisir de s’exprimer ou de s’autocensurer. En Iran, je fermes ma gueule…

Article 6
Les artiles 1 à 5 doivent être considérés nuls et non avenant s’ils causent une menace à l’intégrité physique ou morale de Qwertyu, ou de sa famille, incluant mais ne s’y limitant pas, la torture, le fouet, l’électrocution, la peine de mort, l’emprisonnement ou une amende de plus de $1000.

Voilà qui devrait être plus clair à présent :-)
qwertyu
57 Amour
Abus Citer Posté le dimanche 9 décembre 2007 à 05:49
Merci pour les critiques positives !
C’est vrai que le texte a le rythme d’un récit…

Pour moi, c’était plus un texte de pratique pour définir « l’histoire d’un personnage » qu’un texte qui raconte « une histoire » vécu par un personnage. Mais je le fais sous la forme d’un narrateur racontant l’histoire du personnage.

Si je voulais vous racontez des histoires :


Madamepatate
« Ton histoire.... Bien écrite et d'une réalité surprenante... toi seul pouvait venir chercher les émotions que tentent de sortir les gens qui se battent pour libérer ces gens victiment de l'opinion publique. Tu me touches.... »

Pitchi
« Ton histoire n'ressemble pas a une histoire, on dirais un fait vécu très bien formuler et très touchant a la fois.Tu as d'la facilité a t'exprimer, continu n'lache surtout pas, c'est très beau c'que t'écrit. »

Journal de Montréal
« La critique est unanime ! Encore une fois, Qwertyu nous plonge rapidement au coeur d’un ouragan d’émotions contradictoires avec des personnages complexes et déchirés par la vie, puis termine par un tsunami d’espoir lorsque ceux-ci parviennent enfin à trouver le bonheur. »

La presse
« À lire avec une boite de kleenex mais à lire absolument ! Qwertyu nous fais passer par toute la gamme des émotions et des sensations. Ça commence par une boule dans le creux de l’estomac, ça remonte en frissons sur les bras, ça abouti en orgasmes émotionnels qui nous donnent la chair de poule et des picotements jusqu’aux oreilles, et ça se termine par des lecteurs touchés et émus qui pleurent que l’histoire soit déjà terminée »

Extrait de Tout le monde en parle
- Maintenant, la question qui tue… demande Guy A Lepage… prêt ?
- Oui, répond Qwerty.
- Faut-il être homosexuel pour écrire une histoire qui en parle ?
- Non, il faut surtout être à l’écoute des gens. J’ai des amis qui le sont et il y a les forums de discussion où l’on peut trouver des témoignages intéressants. Pour le reste, les émotions sont les mêmes peu importe l’orientation, répond Qwerty.
- Ahhhhh… vous n’en êtes pas ? Soupire Danny.
- Eh non !
- Dommage, tenez, j’ai une petite carte pour vous, ha ha ha !
- « Pourquoi chercher ailleurs ce que l’on peut trouver ici. Continuer d’écrire et de propager la culture et les valeurs québécoises dans plus de 35 pays. », Ah ! Bien merci bien Danny ! Ça me fait plaisir !

TVA 18 :00
- À vous la parole Martin, annonce le chef de pupitre Pierre Bruno.
- Oui, merci Pierre ! Alors pour la troisième fois cette année, je suis devant la librairie « Lire.ca » où plus de 50 fidèles, attendent l’heure officiel afin de se procurer le 6ième livre de la série « Chronique de l’amour » de Qwerty. Et je peux vous dire que l’on peu vraiment ressentir l’excitation de cette foule alors qu’il ne reste que 3 minutes à attendre !
- Martin, il paraîtrait que des pirates informatiques auraient réussit à obtenir une copie du tome 3 et à le poster sur « jasez.ca ». Pensez-vous que cela puisse nuire aux ventes cette fois encore ?
- Non Pierre ! Car Québécor World annonçait il y a une heure que le fichier piraté était un leurre, un faux livre contenant des histoires rejetées par Qwerty.
- Et bien ! Voilà qui s’annonce bien pour battre un nouveau record de vente. Avec les produits dérivés, on anticipe plus de $250,000,000 encore une fois !
- Oui Pierre… mais… attendez… la porte s’ouvre… le gérant annonce qu’il y a eu un retard de livraison et qu’il n’y a pas de livre en stock. Pierre, c’est l’émeute, c’est la folie furieuse … non…. Calmez-vous… toucher pas au camion TVA.. hé… lâcher moi madame ! Non… non… NON, à l’aide !
- Martin ? Martin ? Alors nous avons perdu la liaison mais on m’annonce que l’hélicoptère TVA est en route pour se rendre sur les lieux et que nous resterons en onde jusqu’à à conclusion de l’histoire. Alors ne quittez pas, nous allons à une pause publicitaire.

[ Bande annonce « Chronique de l’amour 2 » bientôt à l’affiche dans tous les cinémas près de chez vous ]