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Une loi pour limiter les salaires?

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frisounet
58 Québec
Abus Citer Posté le mercredi 12 avril 2017 à 20:28
De plus en plus de voix s’élèvent pour qu’une loi limite la rémunération des hauts dirigeants des banques au pays.

«C’est par là qu’il faut commencer. Il faut débuter par le système bancaire», soutient le président du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MÉDAC), Daniel Thouin.

Le MÉDAC, qui dénonce depuis 20 ans les plantureux salaires des banquiers lors des assemblées annuelles des actionnaires, croit que le système bancaire canadien doit être réformé en profondeur.

«En éliminant les bonis et les options d’achat sur les actions, on ferait revenir bien des gens sur terre. Ça donnerait surtout l’exemple pour les dirigeants de sociétés publiques», signale M. Thouin.

Le MÉDAC dit s’inspirer d’une loi adoptée au début de 2016 par les parlementaires d’Israël, qui plafonne les salaires des banquiers de ce pays à 862 000 $ CAN par année.

Cette loi israélienne stipule qu’aucun salaire versé dans le secteur financier ne peut excéder 35 fois celui de l’employé le moins bien payé au sein de la même société.

Le Say on Pay a ses limites

Mouvement en pleine progression au sein des actionnaires des grandes entreprises publiques, le Say on Pay permet de voter à l’assemblée annuelle sur l’approbation (ou non) de la rémunération de la haute direction.

«C’est un beau vernis de démocratie qui a toutefois ses limites», reconnaît la professeure en sciences comptables de l’Université de Sherbrooke, Sylvie Berthelot.

Dans le cas de Bombardier, les actionnaires pourront bel et bien se prononcer le 11 mai prochain, lors de l’assemblée annuelle, sur la rémunération proposée par l’entreprise à ses hauts dirigeants.

Or, l’exercice sera fait seulement à «titre consultatif» dit «non contraignant», peut-on lire dans la circulaire de Bombardier distribuée à ses actionnaires.
En Grande-Bretagne et aux États-Unis, la pratique du Say on Pay est obligatoire. Au Canada, elle demeure volontaire.

Une étude publiée l’an dernier faite auprès de 45 entreprises cotées à la Bourse de Toronto qui pratiquent depuis des années le Say on Pay n’a pas permis de faire un lien de cause à effet sur une baisse de la rémunération des dirigeants.

Le cas de Barrick Gold

Reste que le cas de la minière canadienne Barrick Gold demeure très rare au pays.

En avril 2013, les actionnaires de l’entreprise réunis en assemblée ont rejeté à 85 % la proposition de la direction d’augmenter le salaire de sa haute direction.

L’entreprise offrait notamment une prime d’embauche de 11,9 millions $ américains au coprésident du c.a.


193 FOIS LE SALAIRE MOYEN D’UN TRAVAILLEUR

Au Canada, le salaire moyen des 100 PDG les mieux payés est de 193 fois le salaire moyen d’un travailleur.

Le Canadian Center for Policy Alternatives (CCPA) de Toronto constate que la rémunération des hauts dirigeants des plus grandes sociétés publiques canadiennes est en pleine croissance.

En 2015, le salaire moyen des 100 hauts dirigeants les mieux rémunérés a atteint 9,57 millions $ (salaire, bonis, options et pension), en hausse de 7 % sur un an.

Depuis 2008, la progression de leurs salaires annuels est saisissante, en hausse de 2,2 millions $ (+30 %).

Pendant ce temps, un travailleur canadien gagnait en moyenne 49 510 $ en 2015, soit 16 % de plus qu’en 2008.

Chemin faisant, le ratio qui était de 175 fois le salaire moyen d’un travailleur en 2008 est passé à 193 fois en 2015.

Aux États-Unis, ce ratio dépassait les 354 fois le salaire moyen des travailleurs, selon une étude faite en 2014 à l’Université Harvard.

Toujours selon cette enquête, la rémunération des PDG atteignait 148 fois le salaire moyen des travailleurs en Suisse, 147 fois le salaire moyen des travailleurs en Allemagne et 104 fois le salaire moyen des travailleurs en France.

Hors proportion

L’ancien président du Mouvement Desjardins, Claude Béland, est d’avis que la rémunération des hauts dirigeants de sociétés publiques cotées à la Bourse a atteint des proportions inquiétantes.

«Lorsque je vois des patrons gagner 200 fois le salaire moyen de leurs employés, je me dis qu’il faut être très orgueilleux pour se dire que tout cela fonctionne grâce à eux», a-t-il indiqué au Journal.

M. Béland avance qu’un ratio allant de 30 à 40 fois le salaire moyen des employés ­serait «beaucoup plus raisonnable» pour établir la rémunération annuelle d’un PDG d’une société publique.

Qu’en pensent-ils...


Claude Béland, avocat et président du Mouvement Desjardins de 1987 à 2000.
Le Journal s'est entretenu sur quelques enjeux de la rémunération avec l’ex-président du Mouvement Desjardins, Claude Béland, et le professeur et président du c.a. de l’Institut sur la gouvernance, Yvan Allaire.

Le gouvernement devrait-il légiférer pour limiter la rémunération des hauts dirigeants des entreprises?

Claude Béland : Je pense que oui. Tout ce qui semble compter aujourd’hui, c’est l’argent. Or, on voit beaucoup d’inégalités au sein de nos sociétés. Beaucoup de gens ont de la misère à arriver et ils voient ces dirigeants se gaver de bonis et de salaires. La France l’a fait pour les sociétés d’État. L’État d’Israël a décidé de passer une loi pour encadrer le salaire de ses banquiers. On pourrait faire de même ici. Ça prend de la volonté.

Yvan Allaire : Il y a une grande résistance dans le monde des affaires. Mais on constate que les conseils d’administration des entreprises doivent faire leur travail. S’ils ne le font pas, les gouvernements vont s’en mêler. Ils vont donner aux actionnaires des moyens d’action pour contester des rémunérations inappropriées. On sent actuellement une insatisfaction assez généralisée au sein de la population.

Une entreprise devrait-elle offrir des bonis annuels à son pdg qui procède à d’importantes mises à pied?

Claude Béland : Les entreprises ont une responsabilité sociale. Elles doivent contribuer au partage de la richesse. Si tu mets dehors des milliers de travailleurs, tu ne dois pas obtenir de bonis. Avant, on valorisait les entreprises qui embauchaient. Aujourd’hui, c’est le monde à l’envers. On glorifie les entreprises qui mettent des travailleurs à pied. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.

Yvan Allaire : Encore là, le c.a. et le pdg devraient avoir une certaine réserve, une certaine retenue. Dans le cas de mises à pied, si j’étais un pdg ou membre du c.a., je dirais que l’on ne paie pas de bonis tant que l’on ne recommence pas à embaucher, et ce, peu importe la performance de l’entreprise.

La crise de la rémunération observée chez Bombardier au cours des derniers jours est-elle un avertissement servi au monde des affaires?

Claude Béland : Bien sûr. L’«événement» Bombardier est tellement gros et exagéré. Il y a une prise de conscience qui est en train de se faire. Le pouvoir citoyen en a assez de ces inégalités. Il y a un réveil. Et le pouvoir politique ne fait rien. On constate depuis des années que le laisser-faire ne fonctionne pas. On ne peut pas créer une société tranquille de cette façon.

Yvan Allaire : Oui. Si les rémunérations sont jugées inappropriées par la société civile, c’est alors la légitimité des entreprises qui en souffre. Si vous n’êtes pas légitimes, vous êtes vulnérables à une intervention des politiciens. On invite alors la politique à se mêler de la rémunération.



http://www.journaldemontreal.com/2017/04/08/une-loi-pour-limiter-les-salaires



Excellent article!

Il y a un tableau qui fait parti de l'article très intéressant qui illustre très bien ce qui est dit!


Crime, deux articles des merdias-menteurs!!!!


Assisterions-nous à un revirement?

lollll
desirez
84 Farnham
Abus Citer Posté le mercredi 12 avril 2017 à 22:11
Il y a longtemps que des limites de salaires devraient être fixés
frisounet
58 Québec
Abus Citer Posté le mercredi 12 avril 2017 à 22:14
Citation de "desirez"Il y a longtemps que des limites de salaires devraient être fixés


Effectivement!

Mais on se dit que c'est le privé, donc on ne s'en mêle pas!

Le hic c'est que n'importe quel argent qu'ils prennent a passé par nos poches un jour, donc, il est faux de se dire que ça ne nous regarde pas!

D'autre part, tout ces gens se disent que c'est légal de faire ce qu'ils font...

Bande d'imbéciles!

Ce n'est pas la légalité qui est en jeu mais la moralité!


Dites-vous qu'il n'y a pas si longtemps encore, l'esclavage était tout à fait légal...

Modifié le mercredi 12 avril 2017 à 22:16

balade_nocturne
57 Longueuil
Abus Citer Posté le jeudi 13 avril 2017 à 05:45
Article très intéressant !

Reste à voir si le pouvoir va suivre. Ce serait un beau début.
frisounet
58 Québec
Abus Citer Posté le jeudi 13 avril 2017 à 09:13
Citation de "balade_nocturne"Article très intéressant !

Reste à voir si le pouvoir va suivre. Ce serait un beau début.




C'est là où j'ai des gros doutes, le pouvoir étant tributaire de ces mêmes manipulateurs, le pouvoir travaille pour eux...

Pourquoi mordraient-ils la main qui les nourrit?