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L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur. Même si, pour son entretien et sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture, oxygène, gaz carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se développer, toujours est-il que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est pas le résultat des forces extérieures qui s'exercent sur l'être vivant. Par exemple, un poisson rouge ne peut survivre sans eau et daphnies, mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant. Les manifestations principales de cette morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'auto-réparation. Cette dernière, bien qu'elle ne concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini d'agressions et de blessures. C'est ainsi que l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et que les blessures se cicatrisent.Le troisième critère est l'invariance reproductive. Les êtres vivants se reproduisent. En outre, cette reproduction est marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des cellules), soit partielle en cas de reproduction sexuée. Descartes dans les Méditations métaphysiques montre que l'âme est ontologiquement distincte du corps. Descartes critique par là même ceux qui, à l'instar d'Aristote, conçoivent l'âme comme un principe d'animation de la matière inanimée ; l'âme avec Descartes devient pur esprit, pure pensée, qui, certes, est étroitement unie au corps, mais qui n'est plus forme du corps. Le corps est désormais une machine sans âme, sans principe interne d'organisation, un automate très complexe qui se meut de lui-même sous l'effet de l'agencement de tubes, cordes, poulies, etc. Ainsi les animaux deviennent des "machines à plumes et à poils". Dans le texte du manuel extrait des Passions de l'âme Descartes compare le corps à une montre pour montrer que le corps vivant ne diffère pas ontologiquement du corps mort. Le corps qui vit est un corps qui se meut mécaniquement de lui-même. Que le mécanisme soit rompu et la machine cesse de fonctionner tout comme les aiguilles d'une montre cessent d'avancer lorsque la montre se brise sur le sol. La vie n'est pas une entité distincte. Le corps vivant est une portion d'étendue en mouvement. On appelle mécanisme cette conception selon laquelle le corps vivant est une machine complexe. Comment se projeter au-delà de ce qui est ? La mort au sens biologique marque la fin d'une existence individuelle. Elle signifie donc une limite fixée à ce qui a une durée. La mort étant un rien, ce qui n'existe pas ou plus précisément ce qui est de l'autre côté de l'existence, peut-elle être pensée?Dans une nouvelle de Sartre qui date de 1939, un des personnages nommé Pablo, qui est sur le point d'être fusillé, cherche à jeter sa pensée de l'autre côté du mur, de manière à concevoir sa mort. En vain, car de l'autre côté, il n'y a rien de pensable. Comment se projeter au-delà de ce qui est ?La mort, ne pouvant être sentie ou ressentie, ne peut être connue. Et quand je suis mort, je ne suis plus là pour en parler. L'apôtre Jean est le seul à raconter le miracle d'une vraie résurrection : celle de saint Lazare. Tout est un problème de mesure et d'équilibre. Aussi Nietzsche fait-il appel au concept de « force plastique », de puissance de modeler interne à chacun : cette expression est très évocatrice. Il y a en effet en chacun de nous un certain pouvoir de donner une forme et d'élaborer les matériaux de toutes sortes qui nous sont apportés par la vie et l'existence, lesquelles charrient une infinie diversité. Cette infinie diversité, à nous de la structurer, de la développer, de l'organiser. Or cette mise en forme ne « digère » pas de la même façon le flux immense du passé. Cette maîtrise historique est réalisée plus ou moins heureusement, en fonction de la puissance de construction interne à un individu ou à un groupe. Faire du bonheur le souverain bien a des conséquences sur la primauté de ce bien, de suprême il devient médiocre. « Les épicuriens avaient admis, il est vrai, pour principe suprême des moeurs un principe entièrement faux, celui du bonheur,et substitué comme loi une maxime du choix arbitraire, d'après l'inclination de chacun ; mais ils se montrèrent assez conséquents, en abaissant leur souverain Bien d'autant, c'est-à ire proportionnellement au niveau peu élevé de leur principe, et en espérant point de plus grand bonheur que celui que peut procurer la prudence humaine (dont relève aussi la tempérance et la modération des inclinations), bonheur qui, comme on sait, se révèle forcément assez mesquin, et très différent selon les circonstances. » KANT, Critique de la raison pratique. 2.3 De l'indétermination du bonheur. « Pour l'idée du bonheur du tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire. Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement. » Kant, dans ce passage des Fondement de la métaphysique des moeurs, souligne la difficulté qu'il y aurait à donner une définition unique du bonheur. Sa relativité est un obstacle à son identification au bien suprême Transition : Cette deuxième partie a permis de souligner les difficultés qu'il y avait à concevoir le bonheur comme bien suprême, notamment la disjonction entre moralité et bonheur et l'indétermination de ce dernier. Troisième partie : Le Souverain Bien ou la moralité condition du bonheur. Besoins, désirs et passions, laissés au libre arbitre sans frein de l'individu, conduisent à la création d'une échelle de valeurs personnelle et arbitraire, c'est-à ire, en définitive, à la subjectivité intégrale. b. Le besoin social.Pour satisfaire effectivement sa nature organique et psychique, l'homme a besoin des échanges de services. Aussi n'est-il vraiment lui-même qu'au sein de la cité et de la société. Il peut, en effet, y développer ses facultés morales, physiques et psychiques. Dire que l'homme est un animal politique, c'est donc affirmer que la société, conçue comme le milieu humain dans lequel est intégré tout individu, permet les échanges réguliers : c'est elle qui produit l'homme en sa qualité d'homme. Si ce dernier est un être de besoin, le milieu social le protège et assure ses conditions de vie ; comme le remarquait Marx, l'homme est un animal qui ne peut s'individualiser et produire que dans la société. C'est le groupe humain qui est formateur.Chacun ne souffre jamais que pour soi en fonction de son vécu, de sa personnalité. On peut partager ce que l'on a mais non ce que l'on est. Mon existence est la seule chose que je ne puisse communiquer. Je peux la raconter mais je ne peux la partager. II. Le solipsisme Le Larousse définit le solipsisme comme venant du latin solus, seul, et ipse, soi-même. En philosophie, le solipsisme est une "doctrine, conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante.". On trouve cette idée chez Descartes qui affirme qu'on parvient à prendre conscience de son humanité au prix d'une formidable ascèse solitaire. Ainsi chez Descartes, la conscience est un sujet qui se réfléchit lui-même en dehors du monde et à l'écart d'autrui. Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l'esprit maîtrise l'imagination et les désordres de la passion. Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer, passe par la soumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n'y prend garde, prennent le masque de la pensée. » Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu'il a à s'exprimer sur ce point, la croyance à l'inconscient. Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps. On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale. Un autre moi me conduit qui me connaît et que je connais mal. L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plus violente. Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que je n'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de la philosophie simiesque. L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur. Même si, pour son entretien et sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture, oxygène, gaz carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se développer, toujours est-il que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est pas le résultat des forces extérieures qui s'exercent sur l'être vivant. Par exemple, un poisson rouge ne peut survivre sans eau et daphnies, mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant. Les manifestations principales de cette morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'auto-réparation. Cette dernière, bien qu'elle ne concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini d'agressions et de blessures. C'est ainsi que l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et que les blessures se cicatrisent.Le troisième critère est l'invariance reproductive. Les êtres vivants se reproduisent. En outre, cette reproduction est marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des cellules), soit partielle en cas de reproduction sexuée. Descartes dans les Méditations métaphysiques montre que l'âme est ontologiquement distincte du corps. Descartes critique par là même ceux qui, à l'instar d'Aristote, conçoivent l'âme comme un principe d'animation de la matière inanimée ; l'âme avec Descartes devient pur esprit, pure pensée, qui, certes, est étroitement unie au corps, mais qui n'est plus forme du corps. Le corps est désormais une machine sans âme, sans principe interne d'organisation, un automate très complexe qui se meut de lui-même sous l'effet de l'agencement de tubes, cordes, poulies, etc. Ainsi les animaux deviennent des "machines à plumes et à poils". Dans le texte du manuel extrait des Passions de l'âme Descartes compare le corps à une montre pour montrer que le corps vivant ne diffère pas ontologiquement du corps mort. Le corps qui vit est un corps qui se meut mécaniquement de lui-même. Que le mécanisme soit rompu et la machine cesse de fonctionner tout comme les aiguilles d'une montre cessent d'avancer lorsque la montre se brise sur le sol. La vie n'est pas une entité distincte. Le corps vivant est une portion d'étendue en mouvement. On appelle mécanisme cette conception selon laquelle le corps vivant est une machine complexe. Comment se projeter au-delà de ce qui est ? La mort au sens biologique marque la fin d'une existence individuelle. Elle signifie donc une limite fixée à ce qui a une durée. La mort étant un rien, ce qui n'existe pas ou plus précisément ce qui est de l'autre côté de l'existence, peut-elle être pensée?Dans une nouvelle de Sartre qui date de 1939, un des personnages nommé Pablo, qui est sur le point d'être fusillé, cherche à jeter sa pensée de l'autre côté du mur, de manière à concevoir sa mort. En vain, car de l'autre côté, il n'y a rien de pensable. Comment se projeter au-delà de ce qui est ?La mort, ne pouvant être sentie ou ressentie, ne peut être connue. Et quand je suis mort, je ne suis plus là pour en parler. L'apôtre Jean est le seul à raconter le miracle d'une vraie résurrection : celle de saint Lazare. Tout est un problème de mesure et d'équilibre. Aussi Nietzsche fait-il appel au concept de « force plastique », de puissance de modeler interne à chacun : cette expression est très évocatrice. Il y a en effet en chacun de nous un certain pouvoir de donner une forme et d'élaborer les matériaux de toutes sortes qui nous sont apportés par la vie et l'existence, lesquelles charrient une infinie diversité. Cette infinie diversité, à nous de la structurer, de la développer, de l'organiser. Or cette mise en forme ne « digère » pas de la même façon le flux immense du passé. Cette maîtrise historique est réalisée plus ou moins heureusement, en fonction de la puissance de construction interne à un individu ou à un groupe. Faire du bonheur le souverain bien a des conséquences sur la primauté de ce bien, de suprême il devient médiocre. « Les épicuriens avaient admis, il est vrai, pour principe suprême des moeurs un principe entièrement faux, celui du bonheur,et substitué comme loi une maxime du choix arbitraire, d'après l'inclination de chacun ; mais ils se montrèrent assez conséquents, en abaissant leur souverain Bien d'autant, c'est-à ire proportionnellement au niveau peu élevé de leur principe, et en espérant point de plus grand bonheur que celui que peut procurer la prudence humaine (dont relève aussi la tempérance et la modération des inclinations), bonheur qui, comme on sait, se révèle forcément assez mesquin, et très différent selon les circonstances. » KANT, Critique de la raison pratique. 2.3 De l'indétermination du bonheur. « Pour l'idée du bonheur du tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire. Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement. » Kant, dans ce passage des Fondement de la métaphysique des moeurs, souligne la difficulté qu'il y aurait à donner une définition unique du bonheur. Sa relativité est un obstacle à son identification au bien suprême Transition : Cette deuxième partie a permis de souligner les difficultés qu'il y avait à concevoir le bonheur comme bien suprême, notamment la disjonction entre moralité et bonheur et l'indétermination de ce dernier. Troisième partie : Le Souverain Bien ou la moralité condition du bonheur. Besoins, désirs et passions, laissés au libre arbitre sans frein de l'individu, conduisent à la création d'une échelle de valeurs personnelle et arbitraire, c'est-à ire, en définitive, à la subjectivité intégrale. b. Le besoin social.Pour satisfaire effectivement sa nature organique et psychique, l'homme a besoin des échanges de services. Aussi n'est-il vraiment lui-même qu'au sein de la cité et de la société. Il peut, en effet, y développer ses facultés morales, physiques et psychiques. Dire que l'homme est un animal politique, c'est donc affirmer que la société, conçue comme le milieu humain dans lequel est intégré tout individu, permet les échanges réguliers : c'est elle qui produit l'homme en sa qualité d'homme. Si ce dernier est un être de besoin, le milieu social le protège et assure ses conditions de vie ; comme le remarquait Marx, l'homme est un animal qui ne peut s'individualiser et produire que dans la société. C'est le groupe humain qui est formateur.Chacun ne souffre jamais que pour soi en fonction de son vécu, de sa personnalité. On peut partager ce que l'on a mais non ce que l'on est. Mon existence est la seule chose que je ne puisse communiquer. Je peux la raconter mais je ne peux la partager. II. Le solipsisme Le Larousse définit le solipsisme comme venant du latin solus, seul, et ipse, soi-même. En philosophie, le solipsisme est une "doctrine, conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante.". On trouve cette idée chez Descartes qui affirme qu'on parvient à prendre conscience de son humanité au prix d'une formidable ascèse solitaire. Ainsi chez Descartes, la conscience est un sujet qui se réfléchit lui-même en dehors du monde et à l'écart d'autrui. Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l'esprit maîtrise l'imagination et les désordres de la passion. Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer, passe par la soumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n'y prend garde, prennent le masque de la pensée. » Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu'il a à s'exprimer sur ce point, la croyance à l'inconscient. Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps. On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale. Un autre moi me conduit qui me connaît et que je connais mal. L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plus violente. Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que je n'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de la philosophie simiesque.L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur. Même si, pour son entretien et sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture, oxygène, gaz carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se développer, toujours est-il que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est pas le résultat des forces extérieures qui s'exercent sur l'être vivant. Par exemple, un poisson rouge ne peut survivre sans eau et daphnies, mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant. Les manifestations principales de cette morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'auto-réparation. Cette dernière, bien qu'elle ne concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini d'agressions et de blessures. C'est ainsi que l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et que les blessures se cicatrisent.Le troisième critère est l'invariance reproductive. Les êtres vivants se reproduisent. En outre, cette reproduction est marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des cellules), soit partielle en cas de reproduction sexuée. Descartes dans les Méditations métaphysiques montre que l'âme est ontologiquement distincte du corps. Descartes critique par là même ceux qui, à l'instar d'Aristote, conçoivent l'âme comme un principe d'animation de la matière inanimée ; l'âme avec Descartes devient pur esprit, pure pensée, qui, certes, est étroitement unie au corps, mais qui n'est plus forme du corps. Le corps est désormais une machine sans âme, sans principe interne d'organisation, un automate très complexe qui se meut de lui-même sous l'effet de l'agencement de tubes, cordes, poulies, etc. Ainsi les animaux deviennent des "machines à plumes et à poils". Dans le texte du manuel extrait des Passions de l'âme Descartes compare le corps à une montre pour montrer que le corps vivant ne diffère pas ontologiquement du corps mort. Le corps qui vit est un corps qui se meut mécaniquement de lui-même. Que le mécanisme soit rompu et la machine cesse de fonctionner tout comme les aiguilles d'une montre cessent d'avancer lorsque la montre se brise sur le sol. La vie n'est pas une entité distincte. Le corps vivant est une portion d'étendue en mouvement. On appelle mécanisme cette conception selon laquelle le corps vivant est une machine complexe. Comment se projeter au-delà de ce qui est ? La mort au sens biologique marque la fin d'une existence individuelle. Elle signifie donc une limite fixée à ce qui a une durée. La mort étant un rien, ce qui n'existe pas ou plus précisément ce qui est de l'autre côté de l'existence, peut-elle être pensée?Dans une nouvelle de Sartre qui date de 1939, un des personnages nommé Pablo, qui est sur le point d'être fusillé, cherche à jeter sa pensée de l'autre côté du mur, de manière à concevoir sa mort. En vain, car de l'autre côté, il n'y a rien de pensable. Comment se projeter au-delà de ce qui est ?La mort, ne pouvant être sentie ou ressentie, ne peut être connue. Et quand je suis mort, je ne suis plus là pour en parler. L'apôtre Jean est le seul à raconter le miracle d'une vraie résurrection : celle de saint Lazare. Tout est un problème de mesure et d'équilibre. Aussi Nietzsche fait-il appel au concept de « force plastique », de puissance de modeler interne à chacun : cette expression est très évocatrice. Il y a en effet en chacun de nous un certain pouvoir de donner une forme et d'élaborer les matériaux de toutes sortes qui nous sont apportés par la vie et l'existence, lesquelles charrient une infinie diversité. Cette infinie diversité, à nous de la structurer, de la développer, de l'organiser. Or cette mise en forme ne « digère » pas de la même façon le flux immense du passé. Cette maîtrise historique est réalisée plus ou moins heureusement, en fonction de la puissance de construction interne à un individu ou à un groupe. Faire du bonheur le souverain bien a des conséquences sur la primauté de ce bien, de suprême il devient médiocre. « Les épicuriens avaient admis, il est vrai, pour principe suprême des moeurs un principe entièrement faux, celui du bonheur,et substitué comme loi une maxime du choix arbitraire, d'après l'inclination de chacun ; mais ils se montrèrent assez conséquents, en abaissant leur souverain Bien d'autant, c'est-à ire proportionnellement au niveau peu élevé de leur principe, et en espérant point de plus grand bonheur que celui que peut procurer la prudence humaine (dont relève aussi la tempérance et la modération des inclinations), bonheur qui, comme on sait, se révèle forcément assez mesquin, et très différent selon les circonstances. » KANT, Critique de la raison pratique. 2.3 De l'indétermination du bonheur. « Pour l'idée du bonheur du tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire. Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement. » Kant, dans ce passage des Fondement de la métaphysique des moeurs, souligne la difficulté qu'il y aurait à donner une définition unique du bonheur. Sa relativité est un obstacle à son identification au bien suprême Transition : Cette deuxième partie a permis de souligner les difficultés qu'il y avait à concevoir le bonheur comme bien suprême, notamment la disjonction entre moralité et bonheur et l'indétermination de ce dernier. Troisième partie : Le Souverain Bien ou la moralité condition du bonheur. Besoins, désirs et passions, laissés au libre arbitre sans frein de l'individu, conduisent à la création d'une échelle de valeurs personnelle et arbitraire, c'est-à ire, en définitive, à la subjectivité intégrale. b. Le besoin social.Pour satisfaire effectivement sa nature organique et psychique, l'homme a besoin des échanges de services. Aussi n'est-il vraiment lui-même qu'au sein de la cité et de la société. Il peut, en effet, y développer ses facultés morales, physiques et psychiques. Dire que l'homme est un animal politique, c'est donc affirmer que la société, conçue comme le milieu humain dans lequel est intégré tout individu, permet les échanges réguliers : c'est elle qui produit l'homme en sa qualité d'homme. Si ce dernier est un être de besoin, le milieu social le protège et assure ses conditions de vie ; comme le remarquait Marx, l'homme est un animal qui ne peut s'individualiser et produire que dans la société. C'est le groupe humain qui est formateur.Chacun ne souffre jamais que pour soi en fonction de son vécu, de sa personnalité. On peut partager ce que l'on a mais non ce que l'on est. Mon existence est la seule chose que je ne puisse communiquer. Je peux la raconter mais je ne peux la partager. II. Le solipsisme Le Larousse définit le solipsisme comme venant du latin solus, seul, et ipse, soi-même. En philosophie, le solipsisme est une "doctrine, conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante.". On trouve cette idée chez Descartes qui affirme qu'on parvient à prendre conscience de son humanité au prix d'une formidable ascèse solitaire. Ainsi chez Descartes, la conscience est un sujet qui se réfléchit lui-même en dehors du monde et à l'écart d'autrui. Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l'esprit maîtrise l'imagination et les désordres de la passion. Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer, passe par la soumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n'y prend garde, prennent le masque de la pensée. » Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu'il a à s'exprimer sur ce point, la croyance à l'inconscient. Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps. On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale. Un autre moi me conduit qui me connaît et que je connais mal. L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plus violente. Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que je n'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de la philosophie simiesque. L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur. Même si, pour son entretien et sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture, oxygène, gaz carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se développer, toujours est-il que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est pas le résultat des forces extérieures qui s'exercent sur l'être vivant. Par exemple, un poisson rouge ne peut survivre sans eau et daphnies, mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant. Les manifestations principales de cette morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'auto-réparation. Cette dernière, bien qu'elle ne concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini d'agressions et de blessures. C'est ainsi que l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et que les blessures se cicatrisent.Le troisième critère est l'invariance reproductive. Les êtres vivants se reproduisent. En outre, cette reproduction est marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des cellules), soit partielle en cas de reproduction sexuée. Descartes dans les Méditations métaphysiques montre que l'âme est ontologiquement distincte du corps. Descartes critique par là même ceux qui, à l'instar d'Aristote, conçoivent l'âme comme un principe d'animation de la matière inanimée ; l'âme avec Descartes devient pur esprit, pure pensée, qui, certes, est étroitement unie au corps, mais qui n'est plus forme du corps. Le corps est désormais une machine sans âme, sans principe interne d'organisation, un automate très complexe qui se meut de lui-même sous l'effet de l'agencement de tubes, cordes, poulies, etc. Ainsi les animaux deviennent des "machines à plumes et à poils". Dans le texte du manuel extrait des Passions de l'âme Descartes compare le corps à une montre pour montrer que le corps vivant ne diffère pas ontologiquement du corps mort. Le corps qui vit est un corps qui se meut mécaniquement de lui-même. Que le mécanisme soit rompu et la machine cesse de fonctionner tout comme les aiguilles d'une montre cessent d'avancer lorsque la montre se brise sur le sol. La vie n'est pas une entité distincte. Le corps vivant est une portion d'étendue en mouvement. On appelle mécanisme cette conception selon laquelle le corps vivant est une machine complexe. Comment se projeter au-delà de ce qui est ? La mort au sens biologique marque la fin d'une existence individuelle. Elle signifie donc une limite fixée à ce qui a une durée. La mort étant un rien, ce qui n'existe pas ou plus précisément ce qui est de l'autre côté de l'existence, peut-elle être pensée?Dans une nouvelle de Sartre qui date de 1939, un des personnages nommé Pablo, qui est sur le point d'être fusillé, cherche à jeter sa pensée de l'autre côté du mur, de manière à concevoir sa mort. En vain, car de l'autre côté, il n'y a rien de pensable. Comment se projeter au-delà de ce qui est ?La mort, ne pouvant être sentie ou ressentie, ne peut être connue. Et quand je suis mort, je ne suis plus là pour en parler. L'apôtre Jean est le seul à raconter le miracle d'une vraie résurrection : celle de saint Lazare. Tout est un problème de mesure et d'équilibre. Aussi Nietzsche fait-il appel au concept de « force plastique », de puissance de modeler interne à chacun : cette expression est très évocatrice. Il y a en effet en chacun de nous un certain pouvoir de donner une forme et d'élaborer les matériaux de toutes sortes qui nous sont apportés par la vie et l'existence, lesquelles charrient une infinie diversité. Cette infinie diversité, à nous de la structurer, de la développer, de l'organiser. Or cette mise en forme ne « digère » pas de la même façon le flux immense du passé. Cette maîtrise historique est réalisée plus ou moins heureusement, en fonction de la puissance de construction interne à un individu ou à un groupe. Faire du bonheur le souverain bien a des conséquences sur la primauté de ce bien, de suprême il devient médiocre. « Les épicuriens avaient admis, il est vrai, pour principe suprême des moeurs un principe entièrement faux, celui du bonheur,et substitué comme loi une maxime du choix arbitraire, d'après l'inclination de chacun ; mais ils se montrèrent assez conséquents, en abaissant leur souverain Bien d'autant, c'est-à ire proportionnellement au niveau peu élevé de leur principe, et en espérant point de plus grand bonheur que celui que peut procurer la prudence humaine (dont relève aussi la tempérance et la modération des inclinations), bonheur qui, comme on sait, se révèle forcément assez mesquin, et très différent selon les circonstances. » KANT, Critique de la raison pratique. 2.3 De l'indétermination du bonheur. « Pour l'idée du bonheur du tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire. Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement. » Kant, dans ce passage des Fondement de la métaphysique des moeurs, souligne la difficulté qu'il y aurait à donner une définition unique du bonheur. Sa relativité est un obstacle à son identification au bien suprême Transition : Cette deuxième partie a permis de souligner les difficultés qu'il y avait à concevoir le bonheur comme bien suprême, notamment la disjonction entre moralité et bonheur et l'indétermination de ce dernier. Troisième partie : Le Souverain Bien ou la moralité condition du bonheur. Besoins, désirs et passions, laissés au libre arbitre sans frein de l'individu, conduisent à la création d'une échelle de valeurs personnelle et arbitraire, c'est-à ire, en définitive, à la subjectivité intégrale. b. Le besoin social.Pour satisfaire effectivement sa nature organique et psychique, l'homme a besoin des échanges de services. Aussi n'est-il vraiment lui-même qu'au sein de la cité et de la société. Il peut, en effet, y développer ses facultés morales, physiques et psychiques. Dire que l'homme est un animal politique, c'est donc affirmer que la société, conçue comme le milieu humain dans lequel est intégré tout individu, permet les échanges réguliers : c'est elle qui produit l'homme en sa qualité d'homme. Si ce dernier est un être de besoin, le milieu social le protège et assure ses conditions de vie ; comme le remarquait Marx, l'homme est un animal qui ne peut s'individualiser et produire que dans la société. C'est le groupe humain qui est formateur.Chacun ne souffre jamais que pour soi en fonction de son vécu, de sa personnalité. On peut partager ce que l'on a mais non ce que l'on est. Mon existence est la seule chose que je ne puisse communiquer. Je peux la raconter mais je ne peux la partager. II. Le solipsisme Le Larousse définit le solipsisme comme venant du latin solus, seul, et ipse, soi-même. En philosophie, le solipsisme est une "doctrine, conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante.". On trouve cette idée chez Descartes qui affirme qu'on parvient à prendre conscience de son humanité au prix d'une formidable ascèse solitaire. Ainsi chez Descartes, la conscience est un sujet qui se réfléchit lui-même en dehors du monde et à l'écart d'autrui. Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l'esprit maîtrise l'imagination et les désordres de la passion. Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer, passe par la soumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n'y prend garde, prennent le masque de la pensée. » Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu'il a à s'exprimer sur ce point, la croyance à l'inconscient. Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps. On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale. Un autre moi me conduit qui me connaît et que je connais mal. L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plus violente. Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que je n'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de la philosophie simiesque.L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur. Même si, pour son entretien et sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture, oxygène, gaz carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se développer, toujours est-il que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est pas le résultat des forces extérieures qui s'exercent sur l'être vivant. Par exemple, un poisson rouge ne peut survivre sans eau et daphnies, mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant. Les manifestations principales de cette morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'auto-réparation. Cette dernière, bien qu'elle ne concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini d'agressions et de blessures. C'est ainsi que l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et que les blessures se cicatrisent.Le troisième critère est l'invariance reproductive. Les êtres vivants se reproduisent. En outre, cette reproduction est marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des cellules), soit partielle en cas de reproduction sexuée. Descartes dans les Méditations métaphysiques montre que l'âme est ontologiquement distincte du corps. Descartes critique par là même ceux qui, à l'instar d'Aristote, conçoivent l'âme comme un principe d'animation de la matière inanimée ; l'âme avec Descartes devient pur esprit, pure pensée, qui, certes, est étroitement unie au corps, mais qui n'est plus forme du corps. Le corps est désormais une machine sans âme, sans principe interne d'organisation, un automate très complexe qui se meut de lui-même sous l'effet de l'agencement de tubes, cordes, poulies, etc. Ainsi les animaux deviennent des "machines à plumes et à poils". Dans le texte du manuel extrait des Passions de l'âme Descartes compare le corps à une montre pour montrer que le corps vivant ne diffère pas ontologiquement du corps mort. Le corps qui vit est un corps qui se meut mécaniquement de lui-même. Que le mécanisme soit rompu et la machine cesse de fonctionner tout comme les aiguilles d'une montre cessent d'avancer lorsque la montre se brise sur le sol. La vie n'est pas une entité distincte. Le corps vivant est une portion d'étendue en mouvement. On appelle mécanisme cette conception selon laquelle le corps vivant est une machine complexe. Comment se projeter au-delà de ce qui est ? La mort au sens biologique marque la fin d'une existence individuelle. Elle signifie donc une limite fixée à ce qui a une durée. La mort étant un rien, ce qui n'existe pas ou plus précisément ce qui est de l'autre côté de l'existence, peut-elle être pensée?Dans une nouvelle de Sartre qui date de 1939, un des personnages nommé Pablo, qui est sur le point d'être fusillé, cherche à jeter sa pensée de l'autre côté du mur, de manière à concevoir sa mort. En vain, car de l'autre côté, il n'y a rien de pensable. Comment se projeter au-delà de ce qui est ?La mort, ne pouvant être sentie ou ressentie, ne peut être connue. Et quand je suis mort, je ne suis plus là pour en parler. L'apôtre Jean est le seul à raconter le miracle d'une vraie résurrection : celle de saint Lazare. Tout est un problème de mesure et d'équilibre. Aussi Nietzsche fait-il appel au concept de « force plastique », de puissance de modeler interne à chacun : cette expression est très évocatrice. Il y a en effet en chacun de nous un certain pouvoir de donner une forme et d'élaborer les matériaux de toutes sortes qui nous sont apportés par la vie et l'existence, lesquelles charrient une infinie diversité. Cette infinie diversité, à nous de la structurer, de la développer, de l'organiser. Or cette mise en forme ne « digère » pas de la même façon le flux immense du passé. Cette maîtrise historique est réalisée plus ou moins heureusement, en fonction de la puissance de construction interne à un individu ou à un groupe. Faire du bonheur le souverain bien a des conséquences sur la primauté de ce bien, de suprême il devient médiocre. « Les épicuriens avaient admis, il est vrai, pour principe suprême des moeurs un principe entièrement faux, celui du bonheur,et substitué comme loi une maxime du choix arbitraire, d'après l'inclination de chacun ; mais ils se montrèrent assez conséquents, en abaissant leur souverain Bien d'autant, c'est-à ire proportionnellement au niveau peu élevé de leur principe, et en espérant point de plus grand bonheur que celui que peut procurer la prudence humaine (dont relève aussi la tempérance et la modération des inclinations), bonheur qui, comme on sait, se révèle forcément assez mesquin, et très différent selon les circonstances. » KANT, Critique de la raison pratique. 2.3 De l'indétermination du bonheur. « Pour l'idée du bonheur du tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire. Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement. » Kant, dans ce passage des Fondement de la métaphysique des moeurs, souligne la difficulté qu'il y aurait à donner une définition unique du bonheur. Sa relativité est un obstacle à son identification au bien suprême Transition : Cette deuxième partie a permis de souligner les difficultés qu'il y avait à concevoir le bonheur comme bien suprême, notamment la disjonction entre moralité et bonheur et l'indétermination de ce dernier. Troisième partie : Le Souverain Bien ou la moralité condition du bonheur. Besoins, désirs et passions, laissés au libre arbitre sans frein de l'individu, conduisent à la création d'une échelle de valeurs personnelle et arbitraire, c'est-à ire, en définitive, à la subjectivité intégrale. b. Le besoin social.Pour satisfaire effectivement sa nature organique et psychique, l'homme a besoin des échanges de services. Aussi n'est-il vraiment lui-même qu'au sein de la cité et de la société. Il peut, en effet, y développer ses facultés morales, physiques et psychiques. Dire que l'homme est un animal politique, c'est donc affirmer que la société, conçue comme le milieu humain dans lequel est intégré tout individu, permet les échanges réguliers : c'est elle qui produit l'homme en sa qualité d'homme. Si ce dernier est un être de besoin, le milieu social le protège et assure ses conditions de vie ; comme le remarquait Marx, l'homme est un animal qui ne peut s'individualiser et produire que dans la société. C'est le groupe humain qui est formateur.Chacun ne souffre jamais que pour soi en fonction de son vécu, de sa personnalité. On peut partager ce que l'on a mais non ce que l'on est. Mon existence est la seule chose que je ne puisse communiquer. Je peux la raconter mais je ne peux la partager. II. Le solipsisme Le Larousse définit le solipsisme comme venant du latin solus, seul, et ipse, soi-même. En philosophie, le solipsisme est une "doctrine, conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante.". On trouve cette idée chez Descartes qui affirme qu'on parvient à prendre conscience de son humanité au prix d'une formidable ascèse solitaire. Ainsi chez Descartes, la conscience est un sujet qui se réfléchit lui-même en dehors du monde et à l'écart d'autrui. Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l'esprit maîtrise l'imagination et les désordres de la passion. Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer, passe par la soumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n'y prend garde, prennent le masque de la pensée. » Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu'il a à s'exprimer sur ce point, la croyance à l'inconscient. Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps. On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale. Un autre moi me conduit qui me connaît et que je connais mal. L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plus violente. Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que je n'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de la philosophie simiesque. L'être vivant est en relation constante avec un milieu extérieur ; néanmoins, le processus de formation et de développement d'un être vivant est indépendant du milieu extérieur. Même si, pour son entretien et sa croissance, un organisme vivant a besoin d'assimiler des substances étrangères (nourriture, oxygène, gaz carbonique, etc.), même si, sans ce type de relations la vie ne pourrait ni exister, ni se développer, toujours est-il que sa forme et sa croissance sont régies par une programmation interne qui n'est pas le résultat des forces extérieures qui s'exercent sur l'être vivant. Par exemple, un poisson rouge ne peut survivre sans eau et daphnies, mais aucune force physique ne peut transformer ce dernier en éléphant. Les manifestations principales de cette morphogenèse autonome sont l'auto-formation, l'autorégulation et l'auto-réparation. Cette dernière, bien qu'elle ne concerne pas tous les organes, s'étend cependant à un nombre infini d'agressions et de blessures. C'est ainsi que l'écorce du pin entaillé se refait, que la pince du crabe repousse et que les blessures se cicatrisent.Le troisième critère est l'invariance reproductive. Les êtres vivants se reproduisent. En outre, cette reproduction est marquée par l'invariance, soit complète en cas de reproduction par sissiparité (division des cellules), soit partielle en cas de reproduction sexuée. Descartes dans les Méditations métaphysiques montre que l'âme est ontologiquement distincte du corps. Descartes critique par là même ceux qui, à l'instar d'Aristote, conçoivent l'âme comme un principe d'animation de la matière inanimée ; l'âme avec Descartes devient pur esprit, pure pensée, qui, certes, est étroitement unie au corps, mais qui n'est plus forme du corps. Le corps est désormais une machine sans âme, sans principe interne d'organisation, un automate très complexe qui se meut de lui-même sous l'effet de l'agencement de tubes, cordes, poulies, etc. Ainsi les animaux deviennent des "machines à plumes et à poils". Dans le texte du manuel extrait des Passions de l'âme Descartes compare le corps à une montre pour montrer que le corps vivant ne diffère pas ontologiquement du corps mort. Le corps qui vit est un corps qui se meut mécaniquement de lui-même. Que le mécanisme soit rompu et la machine cesse de fonctionner tout comme les aiguilles d'une montre cessent d'avancer lorsque la montre se brise sur le sol. La vie n'est pas une entité distincte. Le corps vivant est une portion d'étendue en mouvement. On appelle mécanisme cette conception selon laquelle le corps vivant est une machine complexe. Comment se projeter au-delà de ce qui est ? La mort au sens biologique marque la fin d'une existence individuelle. Elle signifie donc une limite fixée à ce qui a une durée. La mort étant un rien, ce qui n'existe pas ou plus précisément ce qui est de l'autre côté de l'existence, peut-elle être pensée?Dans une nouvelle de Sartre qui date de 1939, un des personnages nommé Pablo, qui est sur le point d'être fusillé, cherche à jeter sa pensée de l'autre côté du mur, de manière à concevoir sa mort. En vain, car de l'autre côté, il n'y a rien de pensable. Comment se projeter au-delà de ce qui est ?La mort, ne pouvant être sentie ou ressentie, ne peut être connue. Et quand je suis mort, je ne suis plus là pour en parler. L'apôtre Jean est le seul à raconter le miracle d'une vraie résurrection : celle de saint Lazare. Tout est un problème de mesure et d'équilibre. Aussi Nietzsche fait-il appel au concept de « force plastique », de puissance de modeler interne à chacun : cette expression est très évocatrice. Il y a en effet en chacun de nous un certain pouvoir de donner une forme et d'élaborer les matériaux de toutes sortes qui nous sont apportés par la vie et l'existence, lesquelles charrient une infinie diversité. Cette infinie diversité, à nous de la structurer, de la développer, de l'organiser. Or cette mise en forme ne « digère » pas de la même façon le flux immense du passé. Cette maîtrise historique est réalisée plus ou moins heureusement, en fonction de la puissance de construction interne à un individu ou à un groupe. Faire du bonheur le souverain bien a des conséquences sur la primauté de ce bien, de suprême il devient médiocre. « Les épicuriens avaient admis, il est vrai, pour principe suprême des moeurs un principe entièrement faux, celui du bonheur,et substitué comme loi une maxime du choix arbitraire, d'après l'inclination de chacun ; mais ils se montrèrent assez conséquents, en abaissant leur souverain Bien d'autant, c'est-à ire proportionnellement au niveau peu élevé de leur principe, et en espérant point de plus grand bonheur que celui que peut procurer la prudence humaine (dont relève aussi la tempérance et la modération des inclinations), bonheur qui, comme on sait, se révèle forcément assez mesquin, et très différent selon les circonstances. » KANT, Critique de la raison pratique. 2.3 De l'indétermination du bonheur. « Pour l'idée du bonheur du tout absolu, un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire. Or il est impossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un concept déterminé de ce qu'il veut véritablement. » Kant, dans ce passage des Fondement de la métaphysique des moeurs, souligne la difficulté qu'il y aurait à donner une définition unique du bonheur. Sa relativité est un obstacle à son identification au bien suprême Transition : Cette deuxième partie a permis de souligner les difficultés qu'il y avait à concevoir le bonheur comme bien suprême, notamment la disjonction entre moralité et bonheur et l'indétermination de ce dernier. Troisième partie : Le Souverain Bien ou la moralité condition du bonheur. Besoins, désirs et passions, laissés au libre arbitre sans frein de l'individu, conduisent à la création d'une échelle de valeurs personnelle et arbitraire, c'est-à ire, en définitive, à la subjectivité intégrale. b. Le besoin social.Pour satisfaire effectivement sa nature organique et psychique, l'homme a besoin des échanges de services. Aussi n'est-il vraiment lui-même qu'au sein de la cité et de la société. Il peut, en effet, y développer ses facultés morales, physiques et psychiques. Dire que l'homme est un animal politique, c'est donc affirmer que la société, conçue comme le milieu humain dans lequel est intégré tout individu, permet les échanges réguliers : c'est elle qui produit l'homme en sa qualité d'homme. Si ce dernier est un être de besoin, le milieu social le protège et assure ses conditions de vie ; comme le remarquait Marx, l'homme est un animal qui ne peut s'individualiser et produire que dans la société. C'est le groupe humain qui est formateur.Chacun ne souffre jamais que pour soi en fonction de son vécu, de sa personnalité. On peut partager ce que l'on a mais non ce que l'on est. Mon existence est la seule chose que je ne puisse communiquer. Je peux la raconter mais je ne peux la partager. II. Le solipsisme Le Larousse définit le solipsisme comme venant du latin solus, seul, et ipse, soi-même. En philosophie, le solipsisme est une "doctrine, conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante.". On trouve cette idée chez Descartes qui affirme qu'on parvient à prendre conscience de son humanité au prix d'une formidable ascèse solitaire. Ainsi chez Descartes, la conscience est un sujet qui se réfléchit lui-même en dehors du monde et à l'écart d'autrui. Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l'esprit maîtrise l'imagination et les désordres de la passion. Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer, passe par la soumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n'y prend garde, prennent le masque de la pensée. » Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu'il a à s'exprimer sur ce point, la croyance à l'inconscient. Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps. On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale. Un autre moi me conduit qui me connaît et que je connais mal. L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plus violente. Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que je n'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de la philosophie simiesque.
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